Science et foi
La célèbre formule kantienne : “j’ai dû limiter le savoir pour faire place à la foi”, résume l’entreprise critique de limitation de la raison par la raison. La foi désigne communément le suprasensible, par opposition au champ de l’expérience de la raison. Ce rapport de la raison et de la foi devient davantage conflictuel lorsqu’une instance transgresse les frontières. Ainsi nous nous demandons si la raison d’une manière ordonnée est-elle en contradiction avec la foi ? D’où ce questionnement : si la connaissance est objective diverge-telle méthodiquement de la foi, adhésion subjective, totale et fervente ? Si le doute est permis dans la raison et par la raison n’est-il pas radicalement en position d’affrontement avec la certitude dans la foi ? Sous certains rapports, raison et foi s’opposent-elles par principe comme le font le rationnel et l’irrationnel aussi l’irrationnel est-il forcément non rationnel ?
La raison est la faculté de connaître (Kant), de bien juger (Descartes), de discerner le vrai et le faux, le bien et le mal, de raisonner discursivement. A ce titre, elle est considérée comme le propre de l’homme. C’est la faculté qui permet à l’homme d’atteindre naturellement certaines vérités. On appelle encore raison l’intelligence en tant qu’elle est capable de mener des raisonnements. La raison est alors présentée comme le domaine de la connaissance objective, de la connaissance explicable par des lois universelles alors que la foi religieuse, cultuelle ou mythique peut être subjective. Du point de vue de Kant, la croyance comme valeur subjective du jugement s’appelle foi seulement au deuxième degré d’assentiment où elle est insuffisante objectivement mais suffisante subjectivement. Si elle était suffisante objectivement et subjectivement, la croyance ou la foi serait un savoir.
Aussi des distinctions peuvent être faites entre la raison et la foi. La raison qui tend vers le savoir est universelle, la