Science politique : est-il bien raisonnable de laisser le pouvoir au peuple ?
Science Politique
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Fiche : Est-il bien raisonnable de laisser le pouvoir au peuple ?
Victor Hugo ne tranche pas sur la question de la démocratie. Du moins, pas dans son roman Quatre vingt-treize. En effet il narre la guerre insurrectionnelle de Vendée dans laquelle deux visions de l’organisation politique s’affrontent, sans que l’une ne prenne jamais totalement le pas sur l’autre. Le marquis de Lantenac incarne l’Ancien Régime ; celui du Sacré, de la tradition, de la fidélité, de l’antimatérialisme au profit du spirituel. En face, son neveu Gauvain a rejoint le camp de l’idéalisme et du modernisme républicain. Lequel choisir ? L’auteur ne nous le dit pas. C’est pourquoi ce livre introduit à merveille la réflexion proposée à notre sagacité aujourd’hui. Ainsi, la question de savoir s’il est raisonnable de laisser le pouvoir au peuple ou au contraire de l’en priver appelle automatiquement deux réponses instinctives, le nœud du problème se jouant bien évidemment sur le terme de « raisonnable ». La première dira que grâce à la démocratie (que le politiste Jean-Louis Quermonne définit comme « l’ensemble des éléments d’ordre idéologique, institutionnel et sociologique qui concourent à former le gouvernement d’un pays donné » dans Les régimes politiques occidentaux) le peuple sort enfin de son enfance politique et s’émancipe de la figure paternelle du despote ou du monarque. En effet, si « raisonnable » signifie juger et conduire selon les principes une Nation alors il est normal d’accorder la puissance du droit à la masse pour qu’elle puisse en disposer. La deuxième réponse prendra immédiatement le contre-pied en invoquant la modération et le bon sens propres à la raison pour brider les passions la « vile multitude » comme pensait Adolphe Thiers ou empêcher la « tyrannie de la majorité » pour John Stuart Mill.
Dans quelle mesure le peuple peut-il, dans le sens de sa capacité mais aussi de sa