Semper eadem
Lorsque tu dormiras, ma belle ténébreuse,
Au fond d'un monument construit en marbre noir,
Et lorsque tu n'auras pour alcôve et manoir
Qu'un caveau pluvieux et qu'une fosse creuse;
Quand la pierre, opprimant ta poitrine peureuse
Et tes flancs qu'assouplit un charmant nonchaloir,
Empêchera ton cœur de battre et de vouloir,
Et tes pieds de courir leur course aventureuse,
Le tombeau, confident de mon rêve infini
(Car le tombeau toujours comprendra le poète),
Durant ces grandes nuits d'où le somme est banni,
Te dira: "Que vous sert, courtisane imparfaite,
De n'avoir pas connu ce que pleurent les morts?"
- Et le ver rongera ta peau comme un remords.
Baudelaire, les fleurs du Mal, XXXIII
Intro :
C’est un poème adressé à Jeanne Duval, la maîtresse qui inspirait à Baudelaire amour et haine du fait de son caractère frivole. C’est un sonnet écrit en 1847 au début de leur liaison et qui se situe dans le passage de Spleen et idéal dominé par le thème de la femme sensuelle.
C’est une confidence à la femme aimée. Le poème est mélodramatique et évoque le sinistre. Baudelaire a un souhait, que la femme infidèle soit condamnée au remords éternel.
Représentation de la femme :
Le poète décrit la femme comme sa « belle ténébreuse » : monument en marbre noir d’un côté, et alcôve et manoir de l’autre. Le premier est le tombeau construit dans de la pierre noble, le marbre noir. Mais le dernier vers « Qu’un caveau pluvieux et qu’une fosse creuse » contredit le vers 2 « Au fond d’un monument construit en marbre noir ».
Il compare la «belle ténébreuse » à du « marbre noir » afin d’accentué la froideur et la dureté de la femme. Il éprouve de la haine et de la colère pour cette femme qui l’a déçu en le trompant.
Il entre dans un paradoxe : la valorisation de la « belle ténébreuse » par le « monument en marbre noir » puis la dévalorisation par le « caveaux pluvieux » et la « fosse creuse ». Enfin, il y a aussi un oxymore entre le