Sénèque, lettres à Lucilius, 7, § 1-6, commentaire
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1/ Force et faiblesse du sage
Dans cette lettre, Sénèque remarque l’influence néfaste de la conscience collective sur celui qui aspire à la sagesse.
Au début de sa lettre, il conseille à Lucilius d’éviter la foule (turbam). Or, le mot turba dénote aussi le désordre, la confusion, le trouble (cf turbatur l. 4).
Comme un artiste, celui qui aspire à la sagesse s’efforce de se construire une âme harmonieuse, belle, équilibrée (composui, l.4). Mais l’influence de la foule vient déranger cette belle construction. Le travail d’amélioration de soi est donc à recommencer continuellement.
Sénèque emploie aussi une autre image l. 4-7 : celui qui n’a pas atteint la sagesse est comme quelqu’un qui se remet d’une longue maladie : un rien peut l’affaiblir. Cela implique qu’il faut renforcer l’âme en y incorporant de la raison, des vertus. Or l’influence des spectacles, dénoncée à partir de la l. 10, s’oppose à ce projet : ils permettent en effet aux vices de s’insinuer dans l’âme (vitia subrepunt) alors qu’il faudrait y mettre des qualités morales (modération, courage, patience, sincérité, etc, voir lettres 3 et 4).
Tant que notre âme est faible (tener), il faut donc la protéger de l’influence pernicieuse de la foule. Pour convaincre Lucilius de cette nécessité vitale, Sénèque prend l’exemple de sages célèbres, au § 6 : Socrate, le stoïcien Caton d’Utique,
Lélius, dit « le Sage » (Laelius Sapiens, ami de Scipion l’Africain) auraient pu euxmêmes se laisser contaminer (excutere morem suum) par l’influence pernicieuse de l’atmosphère dégénérée de la fin du règne de Néron .
2/L’horreur des spectacles du cirque
Sous l’Empire, ces spectacles (circenses) étaient le loisir principal des
Romains, qui profitaient des nombreux jours fériés (plus de 150 jours par an !) pour y assister.
Au siècle précédent, Cicéron dans ses Tusculanes soulignait encore le courage des gladiateurs. Mais au début de l’Empire,