Serhat
Présentation
Stéphane Mallarmé est mort le 9 septembre 1898 à l’âge de 56 ans dans sa maison de Valvins, près de Fontainebleau. De ce poète mal connu et pourtant majeur, il nous reste une œuvre inachevée, un projet poétique inédit - mais aussi l’impression, dans le souvenir des lycéens qui l’ont étudié, d’une obscurité insurmontable. L’exposition rétrospective qu’offre le musée d’Orsay à l’occasion du centenaire de la mort du poète ne propose pas un vain décryptage du mystère mallarméen mais un parcours, à la fois chronologique et thématique, sur la vie de l’artiste et sur les grands axes de sa recherche poétique. Cette rencontre nous révèle un personnage courtois et raffiné, vénéré par ses amis artistes, conscient d’être sur le chemin d’un renouvellement profond du langage poétique. Professeur d’anglais, il partage son temps entre une vie rangée auprès de sa famille et le combat souvent douloureux d’un créateur en quête d’absolu. Des premiers poèmes d’influence baudelairienne à l’énigme d’Un Coup de dés, le poète cristallise deux des tendances majeures de la deuxième moitié du XIXe siècle, le Parnasse et le Symbolisme. Collaborateur au recueil Le Parnasse contemporain dès sa première publication en 1866, Mallarmé s’inscrit assez vite dans la mouvance d’une esthétique qui veut rompre avec l’élan et l’exaltation romantiques de la première moitié du XIXe siècle. L’idéal flamboyant porté par certains artistes tels que Lamartine et Hugo a été malmené par les déceptions de la révolution de 1848. Toute une génération d’artistes, cultivant une vision de l’art pour l’art, cherche le moyen de dépasser une réalité décevante et prend le risque, sur le chemin de ce nouvel idéal, plus spirituel, d’être incomprise de la foule. Pour Verlaine, Mallarmé est de la race des “poètes maudits”. Après Gautier, Baudelaire et Banville, les poètes parnassiens