Le bonheur est généralement représenté comme le but ultime de toute vie humaine. Il est considéré comme la fin suprême de tous les désirs et peut donc se définir comme l'état de complète satisfaction, stable et durable. En effet, il n'est pas désiré comme une fin provisoire pouvant servir par la suite de moyen à la satisfaction d'autres désirs, comme le seraient l'argent qui mène au luxe, et le luxe au plaisir. Il est la conséquence de la satisfaction de tous les désirs auxquels on aspire. La notion de recherche du bonheur est apparue dans la philosophie antique : les philosophes grecs, tels que Socrate, puis Platon, Aristote ou encore Epicure, désignaient le bonheur comme le but de la vie humaine, c’est pourquoi ils étaient constamment à sa recherche. La connaissance pour Socrate, la satisfaction des désirs essentiels et naturels pour Epicure, la puissance de l’esprit pour Platon et Aristote : chacun a sa conception personnelle du bonheur. C’est dans cette lignée que Sextus Empiricus se place lorsqu’il s’interroge sur le lien entre jugement et bonheur. L’homme doit-il juger en bien ou en mal ? Pour Sextus Empiricus, afin de vivre sans trouble, c’est-à-dire vivre heureux, il faut suspendre son jugement, donc ne plus juger en bien ou en mal.
Après avoir exposé sa thèse, Sextus Empiricus explique que juger de l’existence d’un bien et d’un mal rend malheureux, et utilise un exemple concret. Puis il propose une solution à ce jugement. Dans Contre les Moralistes, Sextus Empiricus affirme que la croyance en un bien naturel ne fait que nourrir les troubles de l’âme, c’est le premier obstacle à la quête du bonheur. Pour l’auteur, il est donc impossible d’être heureux si l’on applique un jugement bon ou mauvais sur les choses qui nous entourent. Le bien et le mal sont des notions relatives au temps et à l’espace, notamment à la culture. Le bien est considéré par les sociétés comme le pilier de l’évolution, c’est une notion qui est évidente, contrairement au mal qui