Si firmin écrivait aujourd'hui encore
“ Homme, je puis disparaitre sans voir poindre à l’horizon national l’aurore d’un jour meilleur. Cependant, même après ma mort, il faudra de deux choses l’une : ou Haïti passe sous une domination étrangère, ou elle adopte résolument les principes au nom desquels j’ai toujours lutté et combattu, car au vingtième siècle, et dans l’hémisphère occidental, aucun peuple ne peut vivre indéfiniment sous la tyrannie, dans l’injustice, l’ignorance et la misère. » (Anténor Firmin, L’effort dans le mal)
Dernier texte de Firmin avant sa mort, ultissima Verba, le testament prophétique d’un homme usé, abusé, amer et un grand patriote meurtri1. 100 ans après sa mort, force est de constater non point sans amertume que nous sommes déjà sous notre troisième domination étrangère (1915, 1994, 2004). La première, celle de 1915-1934, a débuté quatre ans seulement après ce cri de cœur du « petit nègre de la fossette »2.
Firmin : une vie d’homme d’état
Fils d’un père tailleur, Pierre Montrevil Firmin, et d’une mère couturière, Anaïse, Joseph Auguste Anténor Firmin a vu le jour au Cap-Haitien le 18 octobre 1850. Après ses études classiques au Lycée Philippe Guerrier, il a fait le droit au Cap et y a exercé la profession d’avocat. Il a été également professeur et inspecteur d’école, journaliste (fondateur du journal « le messager du Nord »), co-auteur de la Constitution de 1889. En termes de poste ministériel, Firmin a été ministre du Commerce puis des Affaires étrangères sous Hyppolite (poste auquel il a évité en 1891 la cession du Môle Saint Nicolas comme base navale américaine), ministre des Finances et des Relations extérieures sous le gouvernement de Tirésias Simon Sam, ministre plénipotentiaire à Paris en 1900. Celui que l’on considère comme le plus grand juriste haïtien du 20e siècle était aussi membre de la société française d’Anthropologie. Il fut promu au grade de « général » par un arrêté ministériel comme ce fut le cas