Si je mourais là-bas
Le poème d’Apollinaire se présente sous forme de 5 quintils en alexandrins, d’un vers isolé lui-même en alexandrins, d’une précision de date et de lieu et d’un acrostiche. Le poème épouse en réalité la forme d’une lettre avec son adresse (à Lou), son contenu (les 5 strophes), sa formule d’adieu (le vers isolé), sa datation et la précision du lieu, ainsi que son post-scriptum (acrostiche). Tous ces signes ancrent le poème dans la réalité de la guerre. Par ailleurs, étant donné le pressentiment funeste du texte, on peut lui trouver un caractère testamentaire.
I/ Une vision lyrique de la guerre et de la mort :
Dès le premier vers, le poète envisage sa mort prochaine sous forme d’une proposition conditionnelle « Si je mourais là-bas… » Le poète fait fleurir d’étonnantes comparaisons qui donnent de la mort et de la guerre une vision positive et lyrique « Un bel obus semblable aux mimosas en fleur » (v.5). Ensuite, évoquant sa mort brutale et l’éclatement de son corps provoqué par la violence de l’obus (« éclaté dans l’espace » v.6). Apollinaire donne de sa mort de sa mort et du souvenir qu’elle pourrait engendrer non pas une vision réaliste (mouvement littéraire dont le but est de créer un aspect réel) mais au contraire sublime (son corps atteint les dimensions de l’univers). Ici, le poète manifeste une liberté d’écriture puisqu’il ose des métaphores et des comparaisons choquantes qui mêlent violence, érotisme et nature (strophe 4). Cependant, dans la dernière strophe, s’exprime l’angoisse du poète « Lou si je meurs là-bas… » (v.21). Est formulée alors le vœu qu’après sa mort même si la jeune femme continue à vivre et à aimer, elle ait parfois une pensée pour lui.
Quant à l’acrostiche qui forme le prénom de l’aimée, il dit brutalement et de manière plus impersonnelle « on » (v.28) à quel point l’avenir s’annonce sombre.
Le rythme change dans le tercet pour casser le rythme et pour faire prendre conscience au lecteur le