Si le serpent sifflait ses zestes
Bravant des contrées interdites, refusant la victoire sans intérêts, puisque sans enjeux, sans difficultés, il continue sur sa lancée, s'arrêtant parfois pour boire, pour ressentir une quelconque présence humaine, lui rappellant qu'il n'est pas véritablement tout seul. Il le sait, sa quête le menera à sa propre autodestruction, teintée d'épique et de pathétique, versant parfois une larme sur sa laine souillée par l'orgueil et l'envie, préférant la froide fierté à la rouge chaleur du coeur. Il pense à tout ce qu'il aurait pu accomplir, à toutes les relations qu'il aurait été à même d'entreprendre, et réparer tous les coeurs brisés qu'il a laissé derrière lui. Il est un petit poucet semant des morceaux de fille sur son chemin, piétinant des sentiments à la fois vifs et inconstants sous ses sabots; certains restent sur lui mais il les ignore, savourant ses victoires injustes et ameres.
Quand la faim se fait trop sentir, il prend le temps de brouter dans un champ inconnu, peut être par provocation ou par simple égoisme; mais il répugne à le faire, refusant tout contact humain, toute aide aussi involontaire soit elle, choissant la mort libre et latente. Le vilain petit mouton veut être roi, n'importe lequel, sans doute roi des enfers, plutôt que servir au paradis, là ou tout