Si c'était à refaire

41636 mots 167 pages
À Louis, Georges et Pauline

« On serait bien heureux si on pouvait s'abandonner soi-même comme on peut abandonner les autres. » Madame du Deffand

1.

Se fondre dans la foule, jouer ce drôle de drame sans que personne se rende compte de rien, se souvienne de quoi que ce soit. Un jogging, tenue de circonstance pour passer inaperçu. Le long de River Park, à 7 heures du matin, tout le monde court. Dans une ville où le temps est minuté, où les nerfs de chacun sont mis à rude épreuve, on court ; on court pour entretenir son corps, effacer les excès de la veille, prévenir le stress de la journée à venir. Un banc ; le pied posé sur l'assise, renouer son lacet en attendant que la cible se rapproche. La capuche rabattue sur le front réduit le champ de vision, mais permet de dissimuler le visage. En profiter pour reprendre son souffle, éviter que la main ne tremble. Qu'importe la sueur, elle n'attire pas l'attention, ne trahit rien, ici, tout le monde transpire. Lorsqu'il apparaîtra, le laisser passer, attendre quelques instants avant de reprendre la course à petites foulées.

Rester à bonne distance jusqu'au moment propice. La scène fut répétée à sept reprises. Chaque matin de la semaine, à la même heure. Chaque fois, la tentation d'agir fut plus pressante. Mais le succès dépend d'une bonne préparation. Pas le droit à l'erreur. Le voilà descendant Charles Street, fidèle à sa routine. Il attend que le feu passe au rouge pour traverser les quatre premières voies du West Side Highway. Les automobiles filent vers le nord de la ville, les gens se dirigent vers leur lieu de travail. Il a atteint le terre-plein. Le petit personnage lumineux sur le poteau du feu de circulation clignote déjà. Vers TriBeCa et le Financial District, les voitures avancent pare-chocs contre pare-chocs, il s'engage quand même. Comme toujours, il répond aux klaxons en levant le poing, majeur dressé vers le ciel, bifurque à gauche et emprunte l'allée piétonnière qui longe la rivière Hudson.

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