Siecle de la shoah
Définitions, clarifications, points de repère
Dr Joël KOTEK professeur à l’ULB et enseignant à l’IEP
2009 - 2010
Génocide
La haine raciale et ethnique est la première cause de tout génocide. Il en est l’aboutissement ultime, mais non nécessaire pour autant.
Les recherches sur les génocides sont régulièrement remises en question par des usages intempestifs. Le mot fait désormais partie fait partie de toutes sortes de rhétoriques identitaires, humanitaires ou politiques. Son emploi vise à provoquer un choc dans l’opinion et ainsi ouvrir la voie à une intervention internationale. L’enjeu peut être financier ou judiciaire, dès lors que le mal est fait et qu’il s’agit de poursuivre devant les tribunaux internationaux tel ou tel responsable pour « crime de génocide ». La question peut aussi relever d’enjeux politiques internationaux, comme en a témoigné récemment la décision du TPY de conférer au (seul) massacre de Srebrenica la qualité de génocide.
Le mot paraît seul à même d'attirer l'attention, de frapper les consciences ; d’où une inflation verbale et incontrôlée. Plus que jamais, le terme de génocide est devenu un substantif passe-partout. On invoque un génocide algérien, animal (bébés phoques), argentin, chilien, chrétien (avortement), homosexuel, noir, palestinien, social (délocalisation), trotskiste, urbain, vendéen. Le terme est désormais repris par tout groupe qui se considère victime d’une injustice ou d’une persécution alors qu’il devrait être considéré comme le crime absolu. C’est justement ces usages politiques médiatisés intempestifs qui imposent plus qu’à son tour une utilisation rigoureuse du concept. Certes, il est parfois difficile de trancher et ce, d’autant plus que la définition juridique adoptée par l’ONU en 1948, prête à interprétation de par sans doute une formulation un peu trop floue. C’est ce qui explique, sans aucun doute, aussi, la vaste gamme des définitions entre le psychologue