Simon hantai
A partir de 1960, Hantaï ne peint plus sur la toile tendue. Il la plie, la froisse préalablement. La toile brute offre ainsi une surface faite d'aspérités, celles des plis plus ou moins réguliers du tissu "chiffoné. C'est cette surface qui est peinte, c'est-à-dire sur laquelle il applique de façon à peu près uniforme la couleur. Les surfaces repliées, plus ou moins serrées et pressées, restent non-peintes, blanches. Cette application, après le froissage de la toile, constitue le deuxième moment de l'acte pictural. Le troisième moment est celui du défroissage, du dépliage. La toile est alors tendue(pas toujours) pour retrouver sa surface plane. Pas tout à fait cependant. la surface est discontinue, due aux plis que la tension réduit sans les faire totalement disparaître et accentue l'alternance peint/ non-peint. La surface offre ainsi une vibration colorée produite par la juxtaposition des innombrables facettes de la toile. Ce qui est montré à travers le développé, c'est le travail effectué sur la surface, les opérations qui s'y sont déroulées et que l'on devine.
De plus, en utilisant "le pliage comme méthode", Hantaï remet en cause la notion de support. Lorsque Hantaï plie, il renverse le rapport traditionnel à la toile, il ne s'agit plus de neutraliser, mais bel et bien d'activer. L'oeuvre donnée à voir n'est donc plus une surface qui masque le support, mais le support marqué.
Hantaï ne manie plus les pinceaux. Il redéfinit la peinture: il trouve une méthode, opérant par pliage, peinture et dépliage, qui fait apparaître des phénomènes picturaux nouveaux, liés au hasard, qui enrichissent sa pratique et bousculent la définition communément admise de la peinture comme activité strictement intentionnelle. retour au sommaire Le muet, l'aveugle, la toile libre
"Je peins à l'aveugle, à tout hasard, jetant le dé". En effet, Hantaï applique parfois la peinture au bâton sur la toile froissée.