Sleepy hallow
Le schéma traditionnel du film avec un vaillant héros masculin qui parvient à résoudre les problèmes d’une communauté en détresse semble régir la composition scénaristique de Sleepy Hollow de Tim Burton. En effet, la tradition, d’abord littéraire, du jeune audacieux au service de la société est à la base du roman d’aventures, notamment de chevalerie, tout autant que du western. Ichabod Crane, le personnage principal incarné par Johnny Depp, s’inscrit également dans le glorieux lignage des héros de contes, qui doivent faire leurs preuves avant de devenir des adultes susceptibles de se marier et d’avoir beaucoup d’enfants. Pourtant, la jeune beauté, interprétée par Christina Ricci, ne paraît pas vouloir attendre que la vaillance vienne au jeune premier qui l’a séduite pour devenir son insipide et souriante épouse ; bien au contraire, la jeune Katrina Van Tassel n’obtempère pas quand on lui demande de s’effacer et s’élance avec courage vers une forêt maudite quand son cœur le lui conseille. Par conséquent, les apparences sont trompeuses : le conte gothique que propose Tim Burton ébranle les attentes clichéiques d’un ordre où la figure masculine dominerait sans menace. Les valeurs patriarcales, pourtant si présentes dans le petit village du XVIIIe siècle où se joue l’action, sont mises à mal par l’action de plusieurs figures féminines, qui refusent d’être réduites au rôle figuratif de la bonne hôtesse. S’interroger sur l’originalité des rapports entre hommes et femmes dans Sleepy Hollow conduit à se demander quelle redéfinition des rôles sexuels se met en place dans cette œuvre cinématographique. Ainsi, le constat des failles au sein d’une hiérarchie sociale où les mâles sont en passe de ne plus assurer le rôle protecteur conduit à révéler la revendication féministe sous-jacente. Dès lors, une telle sape des conventions patrilinéaires ne