Socio
Le poids de la relation franco-algérienne transparaît aussi dans la signification attribuée par les enquêtés au statut de réfugié. Le faible recours au statut de réfugié politique par les Algériens en France ne s’explique pas seulement par sa difficile obtention ou par l’interdiction de retourner en Algérie qu’il implique. Il s’explique aussi par la crainte des enquêtés de se voir accoler l’accusation de l’appartenance
«au parti de la France». Rémy Leveau évoque à ce propos le «paradoxe d’absence d’exilés politiques maghrébins en France»17. L’auteur explique la faiblesse des demandes par le poids de l’histoire commune des deux pays, plus particulièrement par le souvenir encore fort sensible de la guerre d’Algérie. Le statut de réfugié contribuerait à parachever la rupture avec l’Algérie et «à se placer dans l’imaginaire sur le même plan que les Harkis qui combattaient au côté des Français dans la guerre»18. Au
Québec, le statut de réfugié, plus facile à obtenir, n’implique pas le même investissement identitaire. Au contraire, il peut à la fois légitimer la place dans la société d’installation en induisant que le départ s'est fait sous l'effet de la contrainte et justifier la situation de précarité dans laquelle certains enquêtés se trouvent.
Le regard croisé sur l’exil des Algériens en France et au Québec montre que les catégories juridiques et sociales qui désignent les migrations ne sont pas sans effets sur le sens que donnent les exilés à
CONFLUENCES Méditerranée - N° 39 AUTOMNE 2001
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«Exilés» ou «immigrés» ? leur propre