socrate
Le problème est de savoir pourquoi il ne faudrait pas s’évader si c’est là le seul moyen d’échapper à la mort alors même qu’on estime être victime d’un jugement injuste.
Si Socrate ne s’évade pas, est-ce par fanatisme? Est-ce parce qu’il croit dans la valeur des jugements rendus dans les tribunaux? La chose est impossible : il n’a pas cessé dans l’Apologie de souligner comment les juges se laissaient influencer dans leurs jugements par des considérations extérieures à la vérité. Comment expliquer qu’après avoir été aussi critique du fonctionnement des tribunaux et des institutions politiques, il se soumette néanmoins au verdict et accepte de mourir? Quel est le sens de ce sacrifice?
--- Dans un tout autre contexte, E.Röhm, chef des S.A. en 1934 est exécuté sur ordre de Hitler et meurt néanmoins en faisant le salut nazi : fidélité jusque dans la mort à celui qui l’a condamné à mort. C’est la célèbre « nuit des longs couteaux ».
http://fr.wikipedia.org/wiki/Nuit_des_Longs_Couteaux
« Pour Jean Phillipon, après des protestations à l'annonce de la décision du Führer, les condamnés meurent en s'écriant « Je meurs pour l'Allemagne : Heil Hitler! ».
http://familleegger.blogspot.com/2009/09/la-nuit-des-longs-couteaux.html
Socrate n’a rien du fanatique aveuglé par un chef charismatique, il avoue s’être tenu à l’écart de la vie politique. Comment expliquer ce renversement de la distance critique à l’obéissance alors même que celle-ci implique la mort? La révolte --- ou même la révolution --- sont des choses impensables du point de vue de Socrate; pourquoi sont-elles donc exclues?
Socrate, en fait, ne respecte pas ce jugement qui a été rendu à son endroit, pas plus qu’il ne respecte toutes les lois comme si elles avaient une valeur sacrée : ce qu’il respecte plutôt, c’est ce que la loi représente, ce qui transparaît à travers elle alors même que par ailleurs aux yeux du philosophe elle paraît injuste.
De la même façon en quelque sorte que