SONGE Du Bellay

1633 mots 7 pages
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SONGE
C'était alors que le présent des
9. Tout effrayé de ce monstre dieux nocturne
Sur la croupe d'un mont je vis
10.Sur la rive d'un fleuve une une fabrique nymphe éplorée
Puis m'apparut une pointe
11.Dessus un mont une flamme aiguisée allumée
Je vis haut élevé sur colonnes
12.Je vis sourdre d'un roc une vive d'ivoire fontaine
Et puis je vis l'arbre dodonien
13.Plus riche assez que ne se
Une louve je vis sous l'antre montrait celle d'un rocher
14.Ayant tant de malheurs gémi
Je vis haut élevé sur colonnes profondément d'ivoire
15.Finalement sur le point que
Je vis un fier torrent, dont les
Morphée
flots écumeux

SONGE
I
C'était alors que le présent des dieux
Plus doucement s'écoule aux yeux de l'homme,
Faisant noyer dedans l'oubli du somme
Tout le souci du jour laborieux;
Quand un démon apparut à mes yeux
Dessus le bord du grand fleuve de Rome,
Qui, m'appelant du nom dont je me nomme,
Me commanda regarder vers les cieux :
Puis m'écria : Vois, dit-il, et contemple
Tout ce qui est compris sous ce grand temple,
Vois comme tout n'est rien que vanité.
Lors, connaissant la mondaine inconstance,
Puisque Dieu seul au temps fait résistance,
N'espère rien qu'en la divinité.

II

Sur la croupe d'un mont je vis une fabrique
De cent brasses de haut : cent colonnes d'un rond
Toutes de diamant ornaient le brave front :
Et la façon de l'oeuvre était à la dorique.
La muraille n'était de marbre ni de brique
Mais d'un luisant cristal, qui du sommet au fond
Elançait mille rais de son ventre profond
Sur cent degrés dorés du plus fin or d'Afrique.
D'or était le lambris, et le sommet encor
Reluisait écaillé de grandes lames d'or :
Le pavé fut de jaspe et d'émeraude fine.
O vanité du monde! un soudain tremblement
Faisant crouler du mont la plus basse racine,
Renversa ce beau lieu depuis le fondement.

III
Puis m'apparut une pointe aiguisée
D'un diamant de dix pieds en carré,
A sa hauteur justement mesuré,
Tant qu'un archer pourrait prendre visée.
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