"Sonnet pour hélène" de ronsard
« Quand vous serez bien vieille… »
Ronsard
Texte étudié
Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle,
Assise auprès du feu, dévidant et filant,
Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant :
"Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle !"
Lors, vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demi sommeillant,
Qui au bruit de Ronsard ne s'aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle.
Je serai sous la terre, et, fantôme sans os,
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos :
Vous serez au foyer une vieille accroupie,
Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain :
Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.
Lecture analytique
Introduction
Ce sonnet est régulier, il est bâti sur la structure ABBA ABBA CCD EED. Son intérêt est de mettre en avant une variation du motif du carpe diem, profite de l’instant présent. Dans cette poésie, la femme est victime d’une anticipation peu flatteuse, nous voyons en effet Hélène décrite comme une vieille femme. Nous sommes loin de la comparaison avec la rose. Ainsi, Ronsard l’invite-t-elle à répondre à son amour pendant qu’il en est encore temps et qu’elle est en mesure de profiter de la vie. Nous avons dans le cadre des deux quatrains et du premier tercet, l’anticipation de la vieillesse d’Hélène et de la mort du poète, puis dans le deuxième tercet, une invitation à profiter de la vie et à répondre aux sentiments du poète. Dans un premier temps, nous étudierons les détails de la demande amoureuse, et en second lieu, la célébration de la poésie.
I - La demande amoureuse
Le poète donne une image négative d’Hélène. En effet sa beauté est passée ainsi que le suggère l’imparfait, « Ronsard me célébrait du temps que j’étais belle ». Ronsard insiste sur l’image de la vieillesse et le moment où elle songera avec tristesse