Soutine
EXPOSITION « Chefs d’œuvre ? »
Chaïm SOUTINE*
Le Groom .1925. Huile sur toile 98cm/80 ,5
Musée national d’art moderne, Centre Pompidou, Paris
Ancienne collection du baron Kojiro Matsukata affectée en 1959 au Mnam en application du traité de paix avec le Japon de 1952
© Adagp, Paris, 2010 / Centre Pompidou, Mnam-Cci, Paris
La peinture de Soutine est un hurlement de couleur, une matière suppliciée comme l’écrivait Elie Faure, une catharsis, un déchirement, elle incarne dans son essence et dans l’étymologie même de son prénom hébreu Chaïm, qui signifie vie- celle qui arrive dans la souffrance et existe dans les affres et les tourments du quotidien, cette judéité que ne renierait pas Spinoza mais à la différence de Chagall Soutine n’y puisera pas matière à peindre
Soutine est dans la filiation du Greco, Rembrandt est son maître en peinture et presque son confident spirituel, il puisera chez lui ce regard porté au tréfonds de soi, de sa chair et de ses entrailles, cette nécessité intérieure, cette « expressionisme », cette abstraction de l’âme en mouvement, il ira par deux fois à Amsterdam admirer ses tableaux et particulièrement « La fiancée juive » exposée au Rijksmuseum, il restera des heures à admirer « Le bœuf écorché » du Louvre;l’atelier qu’il occupera à « La Ruche » abritera au grand dam de ses voisins des carcasses putrides de bœufs ensanglantés, là la peinture triomphe en un sacrifice sanglant, holocauste pictural de bœufs, poules, dindes, ou raie en hommage à Chardin , récurrence de ses jeunes années, stigmates de la faim, du froid, des coups reçus, des désirs inassouvis. De ses maîtres d’antan il en possède le mystère, la puissance, la vibration, l’émotion. Il se rattache et puise aux sources de ses devanciers illustres, dès son arrivée à Paris (1913) il se rend au Louvre, prend la pulsation des tableaux de Delacroix, Courbet, Corot, mais aussi se passionne pour la statuaire grecque