Spinoza
Le premier s’attache à la nature des désirs : ils sont insatiables et à l’instar d’un tonneau percé, impossibles à satisfaire car ils renaissent sans cesse sous la même ou d’autres formes. Le propos de Socrate est sans équivoque puisqu’il dit que qu’un sicilien a nommé la partie de l’âme où se logent les passions « « tonneau » à cause de sa nature insatiable ».
Ici le mot nature a le sens d’ensemble des qualités inhérentes à un objet, qui le constituent fondamentalement.
Bon l’image est simple : c’est celle des habitants de l’Hadès, royaume du dieu Hadès où les « psychaï » vont être jugées après la mort, qui sont condamnés à remplir un tonneau percé avec un crible, c’est-à-dire avec un instrument troué de toutes parts qui sert trier. Tenter de satisfaire ses désirs comme l’entend Calliclès équivaut à vouloir remplir son existence d’objets qui s’écoulent avant même de les avoir vraiment acquis ou qui s’échappent une fois l’illusion de leur possession dissipée.
De même que l’eau s’écoule du crible avant que quelques gouttes ne finissent par remplir péniblement le tonneau percé, de même nos appétits apparaissent et disparaissent avant que quelques uns ne parviennent à être satisfaits et à remplir nos existences d’un plaisir qui à peine vécu s’en va déjà.
La poursuite effrénée de la satisfaction de tous nos désirs ne peut mener au bonheur car elle nous condamne à un repos impossible et un chaos existentiel assuré. Tiraillé entre tous les désirs, l’on ne se satisfait de rien puisque la satisfaction d’un premier désir fait naitre la nécessité d’un second désir. Si le bonheur vise les principes de plénitude, d’équilibre, en somme l’éradication du manque, la vie déréglée n’aboutit qu’au tourment en creusant la finitude de notre nature, en creusant ce qui en