A la fin du XIXe siècle (~1870), l'intérêt porté au phénomène sportif est limité, si bien que le sport apparait comme une activité d'élites, pratiqué par des groupes aristocratiques fermés. Pourtant c'est également à partir de cette période et de celle de l'entre-deux-guerres (1918-1939) que les pratiques sportives se massifient: c'est l'essor des clubs sportifs. Le sport ne se résume pas aux simples pratiquants d'une activité sportive: il regroupe aussi l'ensemble des représentations et valeurs dont il est lui-même porteur, notamment par le biais de la figure du sportif. Ainsi se créent de véritables mythes, dont le statut et les formes se transforment en fonction des grandes évolutions sociales. En 1939, performances et événements sportifs se placent de plus en plus comme des vecteurs d'évaluation des puissances des nations. Or, un tel phénomène ne peut pas être indifférent aux hommes politiques qui y voient l'un des domaines d'application de leurs principes. Comment, entre la Belle-Epoque et l'entre-deux-guerres, émerge un modèle de société fondé sur le sport de masse, mis au service d'intérêts politiques? Dans un premier temps (1870-1914) on assiste à la naissance d'un sport institutionnalisé, réglementé. Le sport se démocratise, il devient plus accessible: il se forge une véritable culture sportive, identitaire, qui contribue au développement des sociétés de culture de masse européenne et américaine. Après le coup d'arrêt porté au développement du sport pendant la Première Guerre mondiale, on observe que le sport conquiert une fonction nouvelle: il est instrumentalisé et mis au service d'un modèle de société, notamment en Italie, alors soumise au régime fasciste de Mussolini. Le renforcement des régimes totalitaires au début des années 1930 marque une nouvelle rupture dans le rôle politique et social du sport: il devient un véritable vecteur de transmission des idéaux et un moyen de propagande affirmé. A la veille de la Seconde Guerre mondiale, il est