Stiglitz
Chapitre 6 : les banques et la bulle
La transformation de l’activité bancaire aux États-Unis et son impact sur le fonctionnement global de l’économie sont ici étudiés. Traditionnellement, il y a deux types de banques : les banques d’affaires qui émettent les actions et les obligations et les banques de dépôt qui prêtent l’argent aux déposants. Dans les années 1990 une loi a autorisé les fusions entre ces établissements. La rentabilité des banques d’affaires était traditionnellement fondée sur l’information : elles s’étaient fait une réputation de fiabilité. Mais les mutations économiques des années 1990 ont modifié ces incitations : tout comme les PDG dont elles émettaient les actions elles ont été incitées à donner au marché une information faussée. En dissimulant les problèmes structurels de nombreuses firmes qu’elles introduisaient sur le marché ou qu’elles aidaient à capitaliser par des émissions d’actions, les banques ont érodé la qualité de l’information. De cette manière les techniques modernes de l’ingénierie financière donnaient aux banques des possibilités inattendues de jouer les complices. Et le champ de la déréglementation a élargi le champ des conflits d’intérêts et a intensifié la concurrence. La bulle et la malfaisance se sont donc renforcées mutuellement. New York et la Silicon Valley étaient interdépendants et le savaient.
Dans les années 1990 l’aptitude de l’Amérique à financer l’innovation a suscité l’envie dans le monde entier. La mutation de l’économie a transformé le rôle des banques comme celui des entreprises. Les petits actionnaires ne pouvant s’assurer de la bonne conduite des dirigeants, les banques se mirent à jouer un rôle de plus en plus important. La plupart des banques d’affaires ont été fondées sous la forme du partenariat. Et voici que l’une après l’autre, elles décidaient d’encaisser le pactole en se vendant au public. Transformer leur