Sujet Roman Lycee Lgeoffroy
Corpus
Texte A
Stendhal, Le Rouge et le Noir
Texte B
Texte C
Albert Camus, L’Etranger
Alain Robbe-Grillet, Pour un nouveau roman
Texte A
Stendhal, Le Rouge et le Noir
Julien, jeune homme pauvre et ambitieux, est précepteur des enfants du maire, M. de Rênal.
Il vient d’obtenir une double victoire : l’attention de la maîtresse de maison, et une augmentation de son salaire.
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J’ai gagné une bataille, se dit-il aussitôt qu’il se vit dans les bois et loin du regard des hommes, j’ai donc gagné une bataille.
Ce mot lui peignait en beau toute sa position, et rendit à son âme quelque tranquillité.
Cette méditation sur ce qui avait pu faire peur à l’homme heureux et puissant contre lequel, une heure auparavant, il était bouillant de colère, acheva de rasséréner l’âme de Julien.
Il fut presque sensible un moment à la beauté ravissante des bois au milieu desquels il marchait. D’énormes quartiers de roches nues étaient tombés jadis au milieu de la forêt du côté de la montagne. De grands hêtres s’élevaient presque aussi haut que ces rochers dont l’ombre donnait une fraîcheur délicieuse à trois pas des endroits où la chaleur des rayons du soleil eût rendu impossible de s’arrêter.
Julien prenait haleine un instant à l’ombre de ces grandes roches, et puis se remettait à monter. Bientôt par un étroit sentier à peine marqué et qui sert seulement aux gardiens de chèvres, il se trouva debout sur un roc immense et bien sûr d’être séparé de tous les hommes.
Cette position physique le fit sourire, elle lui peignait la position qu’il brûlait d’atteindre au moral. L’air pur de ces montagnes élevées communiqua la sérénité et même la joie à son âme. Le maire de Verrières était bien toujours, à ses yeux, le représentant de tous les riches et de tous les insolents de la terre ; mais Julien sentait que la haine qui venait de l’agiter malgré la violence de ses mouvements, n’avait rien de personnel.