Sujet d'invention candide
Messieurs,
Je souhaite vous parler, en ce jour, du spectacle affligeant dont j'ai été l'horrible témoin il y a quelques jours, ici, à Surinam.
Vous êtes les détenteurs d'immenses terres; on vous qualifie d'hommes riches, prépondérants; vous êtes respectés. Vous avez quittés l'Europe et vous êtes venus dans ce continent dans le but du cultiver de nouvelles terres et de faire fructifier votre argent. Pour cela, vous avez fait appel à de la main d'œuvre africaine que vous avez fait débarquer dans ce pays en leur promettant un bel avenir: promesse que vous n'avez jusqu'ici pas tenue.
Récemment, j'ai croisé la route de l'un de ces hommes. C'était un homme noir, un pauvre homme n'ayant plus que la moitié de son habit, autrement dit, un caleçon de toila bleu, il lui manquait la jambe gauche et la main droite. J'ai découvert, ce jour-là, un système brutal et cruel, que je ne m'imaginais pas un jour découvrir; un système qui exploite la souffrance pour le plaisir de quelques privilèges et que vous faisiez subir à un homme. Oui, un homme, comme vous et moi, à la seule différence de sa couleur de peau, de son origine. Cet homme est noir, ais cela ne fait-il pas de lui un être humain? Est-ce seulement un être, un esclave à qui vous niez la qualité d'homme? Ne mérite t'il pas un meilleur traitement, un traitement moins dégradant que celui que vous lui faite subir?
Ces hommes, qui ne sont pour vous que des esclaves, sont digne d'obtenir votre respect, plus que celui que vous accordé à vos bêtes et autant qu'un homme, peu importe son origine, peut en recevoir. Ce que je vous demande aujourd'hui, Messieurs, c'est d'arrêter cette infamie de la traite négrière et de rendre un peu d'humanité à ce monde, de décence et de libertés