sujet d'invention l'ogre et la fée
Le bon Ogre naïf lui dit : « je l'ai mangé. »
A ces mots, la fée, ne pouvant davantage en supporter,
Se mit à fortement sangloter et finit par se pâmer.
L'Ogre, tout déconcerté, tenta de réveiller sa bien-aimée ;
Etant un peu simple d'esprit, il la gifla à toute volée.
Il parvint à son but, la dame se réveilla,
Mais elle réagit d'une façon à laquelle il ne s'attendait pas.
La Fée, toute décoiffée et les joues rouges encore se mit à hurler :
« Ah ! Misérable qu'as-tu fait ? Quelle folie t'a pris de le dévorer ?
A ces mots, le pauvre Ogre comprit son erreur,
Et tout honteux, tout navré, à la dame il offrit des fleurs.
Vous vous doutez bien que ce n'était pas là ce qu'il fallait faire.
Les fleurs furent refusées, l'ogre souffleté ; la fée était très en colère.
L'amoureux, désespéré, tenta de se justifier :
«Ô ma colombe, je vous ai attendue ! De vous je me languissais !
La faim me tenaillait, je n'avais personne à qui dire un mot,
Dans cette sombre antichambre, quand soudain j'ai vu ce marmot,
Si blond, si beau, si appétissant, là devant moi, jouant au cerceau.
Sans réfléchir, je l'ai attrapé, et sans sel, ni poivre, ni eau,
Tout rond, je l'ai englouti. Il était délicieux. »
La Fée fut scandalisée que l'on ait songé à saler
Son fils unique et préféré, et surtout qu'on l'ait pris pour un goûter.
Dans sa colère, l'envie lui prit de changer l'Ogre Ogrousky,
En une belle descente de lit.
Mais celui-ci se jeta à ses pieds, lui jurant que s'il eût su
Qui était le garnement, jamais il ne l'aurait dévoré tout cru.
« J'aurais fait, s'écria-t il, des effort surhumains,
Pour ne pas dévorer votre bambin ; j'en aurais plutôt avalé ma main !
Sur ce, il déclara son amour à la fée,
Lui disant au passage qu'elle était plus belle, qu'une tête de veau persillée.
La belle dame, qui avait bon cœur, et qui était sensible aux compliments,
Fut prise de pitié, regretta de s'être emportée, et finalement,
Contre