INVENTION

Le 11/12/14 A Oran

Ma bien Aimée, Il faut d'abord que tu m'excuses de ne pas t'avoir écrit avant, mais étant donné l'état de peste, je redouble de travail et n'ai pas un moment pour moi. De plus, il est normalement interdit pour quiconque d’envoyer des lettres. Mais il le faut. Sans ton soutien, je ne survivrais pas. Ici, l'épidémie fait des ravages, nous sommes épuisés. Un dénommé Tarrou m'aide beaucoup mais cela n'est évidemment pas suffisant vu l'ampleur des dégâts. Je n'en peux plus de voir tous ces hommes, femmes et enfants mourir innocemment sans rien pouvoir faire. Je n’ai plus gout a rien. C'est trop dur... Le pire a surement été cet enfant, je ne sais pas si tu te rappelles de Mr Othon? Il était juge et avait un enfant. Le pauvre petit fut atteint lui aussi de la peste. Nous lui avons donné un sérum et espérions de tout cœur qu'il marche. L'enfant a agonisé pendant des heures et n'a finalement pas survécu. Imagines-tu la douleur pour nous de voir ce petit, s'accrocher a la vie et n'y arrivant finalement pas? J’en ai pleuré toute la nuit, mais tu n'étais pas là pour me réconforter et me prendre dans tes bras comme tu sais si bien le faire. La maison est vide sans toi. Il n'y a plus que maman et moi. Tu lui manques aussi d'ailleurs. C'est trop dur... Comme tu me manques Marie. Pas une seconde ne passe sans que je pense à toi. Tu es si loin... Comment vas-tu? Est-ce-que le repos t'aide à te sentir mieux? Je l'espère tellement. La ville avait l'air charmante avec ses montagnes majestueuses et les ruisseaux qui en découlaient, est-ce réellement le cas? Et les gens, comment sont-ils? Est-ce-que tu t’es fait des amis ? et si oui, te soutiennent-ils comme je faisais auparavant ? Chez nous, ils sont ternes et ne parlent plus. On entend juste les plaintes des malades qui nous hantent. J’aimerais être a tes