Sujet d'invention
Eugénie Grandet,
Balzac, 1833

Eugénie se dispute avec son père car elle ne peut pas lui présenter son douzain (quand une jeune fille se marie, sa famille ou celle de l'époux doit lui donner une bourse où se trouvent, suivant les fortunes, douze pièces ou douze douzaines de pièces ou douze cents pièces d'argent ou d'or) car elle l'a donné à son cousin, dont elle est amoureuse. Celui-ci l'envoie dans sa chambre.

Sujet :
Enfermée dans sa chambre, Eugénie écrit à son cousin Charles pour dénoncer les méfaits possibles de l'argent et le discours caricatural de son père.

Mon cher Charles,

Je t'adresse cette lettre car, après m'être disputé avec mon père, celui-ci m'a ordonné de me rendre dans ma chambre et de ne plus en ressortir jusqu'à ce qu'il me le permette. Le sujet de notre dispute : mon douzain. En effet, aujourd'hui, quand mon père m'a demandé de bien vouloir sortir mes sous pour qu'il puisse les contempler, j'ai dû lui révéler qu'ils n'étaient plus en ma possession. La dispute fut telle que le toit en fut secoué et les mots que cet homme prononça me traversèrent comme une lame des plus aiguisées. Il m'a fait comprendre que sans cet argent il ne pouvait m'aimer, que je n'était plus rien pour lui. Maintenant que je n'ai plus mon douzain, je ne suis plus rien à ses yeux, il ne souhaite plus me voir et encore moins m'adresser la parole. Dans quel monde sommes-nous si un homme ne peut aimer sa fille que si elle possède une certaine somme d'argent ? Non seulement suis-je sans douzain mais je suis maintenant sans amour paternel. Et puis il osa clamer que je ne suis encore qu'un enfant ! À ses yeux je ne suis majeure que quand cela lui convient. N'ai-je pas 22 ans ? Ne suis-je pas une adulte ? Pourquoi alors ne puis-je pas faire ce que bon semble avec les sous qui m'appartiennent ? Étant majeure je suis libre de faire avec mes possessions, et donc mon argent, ce qu'il me plait et mon père n'a aucun droit de déclarer le