Surveiller et punir
Michel Foucault
Résumé
Le livre s’ouvre sur la description de l’exécution de Damiens (2 mars 1757 pour tentative d’assassinat sur Louis XV). Il avait été condamné au bûcher après écartèlement. Aujourd’hui, dit Foucault, « a disparu le corps comme cible majeure de la répression pénale».
Peu à peu, à la fin du XVIIIe et au cours du XIXe siècle, la punition cesse aussi d’être montrée aux foules ; elle n’est plus spectacle. Dans le « châtiment-spectacle », l’horreur était à la fois celle du condamné et celle du bourreau : honte pour le supplicié sans doute, mais jamais très loin de la pitié ou de la gloire, et infamie pour l’exécuteur. Au contraire, la Justice moderne va chercher à transmettre l’idée que l’essentiel n’est pas de punir mais de corriger, redresser, « guérir ».
La peine cesse progressivement d’être un spectacle et l’essentiel de cette transformation est acquis dans les années 1840 en France (plus tard en Angleterre par exemple).
L’existence des supplices est sans doute le reflet d’une époque où le corps humain n’a pas la valeur marchande que lui conférera une économie de type industriel. Le mépris du corps se réfère à une attitude générale à l’égard de la mort. Les ravages de la maladie et de la faim, les massacres périodiques, la formidable mortalité des enfants, tout cela rendait la mort familière et suscitait des rituels pour l’intégrer, la rendre acceptable et donner un sens à son agression.
Le personnage principal du supplice, c’est le peuple dont la présence est requise. Mais son rôle est ambigu. Il doit avoir peur mais il doit être aussi garant de la punition et même dans une certaine mesure y prendre part. Or, il ne réagit pas nécessairement comme on le souhaite : il cherche à empêcher certaines exécutions ou il maudit les juges et mène tapage contre la sentence. Auquel cas la foule peu prendre parti du condamné, ce qui est l’inverse de l’effet recherché par la sentence.
Dans la seconde moitié du