Symbolique albert camus
a) Les indices de la généralisation du propos
Les habitants d'Oran sont présentés comme une masse indifférenciée : récurrence du pronom personnel « ils », expressions à valeur générale (« l'air de tout le monde, un air tout à fait général », « les séparés », « comme tout le monde », …)
Emploi du pronom indéfini « on » désignant un collectivité incluant les séparés, le narrateur et jusqu'au lecteur.
Implication plus forte du lecteur encore avec les pronom « nous » et les déterminants de première personne du pluriel « notre » / « nos » : « nous tous au milieu des détonations ... », « notre vie ou nos décès... », « nous nous nourrissions du même pain d'exil... », « notre amour », « nos concitoyens », ...
b) Une métaphore de l'horreur de la seconde guerre mondiale
Pour le lecteur de 1947, certains allusions sont une référence claire aux événements de la seconde guerre mondiale : la peste prend un valeur symbolique, c'est la « peste brune », le mal nazi qui s'est abattu sur l'Europe.
Quelques exemples :
« coups de tampons », « formalités », « fiches » : allusion à la bureaucratie implacable qui a organisé le fichage et la déportation des juifs.
« détonations », « incendies », « terreur », « fumées » : allusions plus ou moins explicites aux événements tragiques et à l'état d'esprit de cette période.
« longues queues aux quatre coins de la ville, devant les boutiques d'alimentation » : référence au rationnement et aux difficultés de ravitaillement.
c) Une allégorie de la condition de l'homme absurde
Cependant, une autre valeur allégorique de la peste se manifeste dans ce passage : celle-ci est le symbole de l'absurdité de la condition humaine (cf. définition de l'Absurde).
On relèvera l'expression « au matin, ils revenaient au fléau, c'est-à-dire à la routine » : rappelons que pour Camus l'aspect machinal de l'existence est la première caractéristique de l'absurdité de la vie humaine.