Sympathie Et Causalite Chez Hume
SYMPATHIE ET CAUSALITÉ
CHEZ HUME
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C'est dans le Traité de la nature humaine que Hume développe le plus systématiquement sa théorie de la sympathie. Elle apparaît ailleurs dans son œuvre, mais sous des formes moins aisément identifiables. Pour cette raison déjà, il se justifie de l'aborder en priorité dans le Traité. Mais il y a une autre raison pour laquelle je désire la comprendre telle qu'elle apparaît dans cette œuvre. On sait que le Traité a un statut à part dans l'ensemble des écrits de Hume, non seulement parce qu'il s'est vu renier dans une certaine mesure par son auteur, mais aussi parce que sa méthode est particulière, comparée à celle des autres essais, enquêtes et dialogues du philosophe, qui évitent le caractère systématique propre à ce premier ouvrage. Car Hume y construit bien un système, dans lequel, à partir de principes et d'éléments fondamentaux, l'ensemble de la nature humaine se trouve progressivement expliqué. Et c'est le rôle que joue la théorie de la sympathie dans cette construction qui m'intéresse ici.
Les trois volumes du Traité correspondent à des articulations principales du système qui s'y trouve exposé. Quoique tout à fait pertinents, les titres de ces volumes indiquent cependant plutôt leur matière principale, l'entendement, les passions et la morale, que les couches du système qui s'y construisent, et, comme le titre principal lui-même, ils ne suggèrent pas le caractère fondamental de l'entreprise, mais font penser plutôt à une réflexion plus sectorielle, qui, parmi les êtres du monde, aurait pris pour objet l'un d'entre eux, particulier, l'homme, pour en étudier la nature, en l'abordant sous trois de ses attributs essentiels, en tant qu'être intellectuel, passionnel et moral. Il est vrai toutefois que la préface nous avertit qu'il ne s'agit pas d'étudier l'homme parmi les autres êtres, dans une science spéciale, non première, mais de chercher au contraire à comprendre ce qui constitue le fondement de toute science. Et