Symphonie en gris, marie krysinska
Le 17/03/2010 « Symphonie en gris » in Rythmes Pittoresques section « Mirage », Marie Krysinska
Introduction
En cette fin de XIX° siècle, que ce soit en peinture avec l’impressionnisme, en musique avec les rythmes dissonants de Debussy ou en poésie avec l’avènement du vers libre, l’univers statique et ordonné érigé par les naturalistes et les réalistes se métamorphose en un monde insaisissable, confus, mobil et dérangeant. Les notions de temps et d’espace, de stabilité et de définition rationnelle s’évanouissent un « flou artistique ». Marie Krysinska participe à cet ébranlement d’un monde trop immobile et trop fixiste en révolutionnant le vers romantico-classique : elle affirme même que la rime et le mètre sont les fioritures de la poésie à la manière des dièses et des bémols en musique. Le vers libre doit permettre au poète mais aussi à l’homme d’être attentif à la musique changeante de son âme et d’être fidèle à tous ses désordres. Qui mieux que Marie Krysinska peut représenter ce désir de nouveauté ? Jeune femme de la haute bourgeoisie polonaise entrée au conservatoire national de musique à Paris à l’âge de 16 ans, elle privilégiera « la musique avant toute chose » dans sa poésie à la manière d’un Verlaine qu’elle côtoiera chez les Hydropathes. Elle participe régulièrement aux soirées littéraires du Chat noir fondé par Rodolphe Salis et en vogue à Montmartre en 1879. Marie Krysinska décrivait le club comme « l’union du monde de la musique et de la poésie dans le royaume de la peinture qu’est Montmartre. » Dès lors, on comprend mieux la dédicace du poème « Symphonie en gris » à Rodolphe Salis, alliant les trois arts fondamentaux dans sa poésie, musique, poésie et peinture. C’est avec eux que la jeune musicienne deviendra poète de l’innovation. A cela s’ajoute son double projet d’écriture, retourner aux sources de la poésie mais aussi conserver sa liberté en errant entre les genres et entre les arts. La subversion de