Syndicalisme et moyen âge
«Le syndicalisme tel que nous l'entendons aujourd'hui est un fait historique né avec la révolution industrielle[1]», nous dit Jean Sagnes. Mais à quelle révolution industrielle fait-il allusion? Bien sûr, il fait référence à la révolution industrielle qui débute en Angleterre au XVIIIe siècle avec l'invention de la machine à vapeur de Thomas Newcomen (1712) et perfectionnée par James Watt (1769). Pourtant, une autre révolution industrielle précède celle du XVIIIe siècle. «Du XIe au XIIIe siècle, l'Europe occidentale connut une période d'intense activité technologique et [...] cette époque aurait dû s'appeler «la première révolution industrielle»[2].» Au même moment, un mouvement d'urbanisation s'accroit avec la conjugaison de trois facteurs principaux; la poussée démographique, la quiétude de la nouvelle paix et l'activité des marchands, notamment dans les foires de Champagne. Ce contexte harmonieux permet l'essor des métiers au sein des villes et aussitôt les artisans partageant le même métier se regroupent en associations : guildes, confréries, ordres ou corporations. Ces associations auront des revendications s'apparentant à celle des syndicats modernes. Nous nous interrogeons sur ces similitudes. Les origines de la syndicalisation se situent-elles au sein des associations de métiers? Bien que plusieurs auteurs situent une première révolution industrielle entre le XIe et la XIIIe siècle et que la recrudescence de la formation des associations de métier peuvent sembler s'apparenter à un mouvement de syndicalisation, nous formons l'hypothèse que ces associations de métier sont distinctes des groupes syndicaux modernes par leurs revendications et leur structure interne.
Afin de démontrer les différences structurelles et les revendications divergentes nous procèderont en trois temps. D'abord, nous définirons chacun des acteurs traités, soit le syndicalisme, les associations de métier en générales et plus spécifiquement les corporations, les