SYNDROME HOLLANDAIS
Centre d’économie du développement
Université Montesquieu-Bordeaux IV - France
5pVXPp
Après les hausses des prix du pétrole survenues au cours des années 1970 et début des années 1980, les exportations du Congo et, dans une moindre mesure, celles du Cameroun sont devenues concentrées autour du pétrole. On peut être tenté, au regard de l'évolution des secteurs traditionnels d'exportation du Congo, d'accréditer la thèse de l'existence d'un syndrome hollandais — un boum dans un secteur produisant une ressource naturelle tendrait à compromettre tout d’effort d’industrialisation — dans ce pays. Mais, l'analyse faite tout au long de ce papier tente de démontrer que le lien entre l'expansion de l'activité pétrolière et la régression des exportations traditionnelles n'est pas facile à établir : il n'y a pas un «squeeze» de la production du secteur en retard résultant des mouvements des prix relatifs, en particulier du taux de change effectif réel. Quant au
Cameroun, il ne montre pas des symptômes significatifs d'un pays qui a été victime d'un syndrome hollandais.
S’il y a eu «désagriculturation» de l'économie camerounaise, cette dernière ne fut que relative et non absolue.
En privilégiant le signal des prix, et en prenant pour référence des économies monétaires et homogènes (les économies des pays développés), ainsi que des acteurs répondant parfaitement aux jeux des prix, les modèles du syndrome hollandais s'avèrent difficilement applicables au Congo et au Cameroun, économies désarticulées où règnent de nombreuses imperfections de marché. La non articulation de ces économies, se traduisant par une hétérogénéité des systèmes des prix, le rôle stabilisateur du secteur informel, l'appartenance à la zone franc, l'importance de l'autoconsommation et la faible monétarisation des zones rurales, sont autant d'éléments qui constituent des