Synthèse sur le livre d'alain corbin, le village des cannibales
Alain Corbin
Le propos central du VILLAGE DES CANNIBALES d'Alain Corbin s'attache à mettre en lumière un fait divers, guère étudié dans l'Histoire générale du XIXème, celui du "massacre de Hautefaye", un véritable crime qui se déroule en parallèle du déclin devenu inéluctable du Second Empire. L'affaire de Hautefaye se marque en effet par le meurtre d'Alain de Monéys, un jeune noble de la région rurale de Dorgogne par une liesse populaire, une foule de paysans venu participer à la traditionnelle fête du village le 16 août 1870. L'objet choisi pourrait s'apprenter à un quelconque abominable assassinat ; néanmoins le contexte social et politique ainsi que la violence du déchaînement interpellent l'auteur. en réalité, A. Corbin ne s'attache pas tant au fait lui-même qu'à l'environnement, la toile de fond, l'atmosphère dans lesquels il se tient. Sans en venir immédiatement au massacre, l'auteur développe une analyse profonde des comportements de la population qui compose ou entoure le village d'Hautefaye devenu tristement célèbre. Corbin étant un historien attaché au "sensible", sa démarche s'apparente à une mise en évidence précise de ce que peuvent ressentir les hommes qui semble faire preuve de déshumanisation pendant et à l'issue de l'après-midi du 16 août 1970. D'autre part il s'agit d'élucider de quelle manière des sensibilités sociales peuvent conduire à "un crime tout politique" comme le définit le journaliste C. Ponsac cité en introduction par A. Corbin.
L'analyse du crime de Hautefaye permet à Corbin d'offrir une large place à l'influence de la rumeur. La rumeur semble d'abord constituer un "fait rural", elle est l'excitante attraction des communautés villageoises. Par ailleurs, Hautefaye et même sa région ne constituent pas un foyer de notables, véritables relais de la société "instruite", mais un territoire éminemment inscrit dans la tradition paysanne. La rumeur de la région de Hautefaye se trouve fortement influencée par