Tartuffe
Une scène babillarde et légère, où il manque le seul personnage qui pourrait bien faire basculer la pièce dans une tonalité beaucoup plus grave ; Tartuffe n’apparaîtra qu’à l’acte III ; d’ici là, nous aurons d’autres portraits de lui, et le spectateur va peu à peu prendre conscience que l’engouement que lui porte Orgon n’est pas sans danger pour l’équilibre familial.
3. L’atmosphère de la scène
C’est donc d’emblée une scène comique, sans que soit soulevé un débat de société comme dans Le Misanthrope, sans non plus qu’on puisse prendre au sérieux les injures de la vieille dame.
Les jeux de scène corroborent cette impression : Madame Pernelle, toute boitillante (sans doute parce que Madeleine Béjart, qui joua le rôle, boitait elle-même), montre une tendance marquée à la gesticulation : c’est un procédé comique récurrent chez Molière. La menace de sa canne n’effraie personne et lorsqu’elle en vient au geste violent, c’est sa pauvre servante qui reçoit le soufflet.
. L’intrigue
L’essentiel de l’intrigue nous est livré dans ces premiers vers : il s’agit de la division provoquée au sein d’une famille par l’intrusion d’un faux dévot. La douceur de vivre qui régnait dans la maison contraste avec le rigorisme qu’y impose Tartuffe.
Mais l’intrigue compte moins, pour le spectateur, que le heurt entre les caractères. La scène commence et finit sur des paroles adressées par madame Pernelle à sa servante Flipote, personnage sans épaisseur. Sa maîtresse, pressée de partir, prononce un flot de paroles presque ininterrompu : ce sketch de la vie courante se referme sur lui-même à la fin de la