Tartuffe
« âmes », « coupables pensées », « modestie ».
Première didascalie et apartés : ces passages indiquent le décalage entre l’attitude de Tartuffe et la réalité. La didascalie du début marque en effet l’hypocrisie d’une conduite pieuse qui ne vaut que vis-à-vis d’autrui : Tartuffe adresse ces ordres à son valet pour que Dorine les entende, et parce qu’elle est là. À la mise en scène de montrer que c’est au moment où il voit la servante que Tartuffe se met à parler, et pour elle. Dorine n’est pas dupe. Le spectateur sait à ce stade de la pièce que Dorine dit vrai. Ses apartés (v. 857,
875-876) nous indiquent ce qu’il faut comprendre. Ils soulignent la vantardise de Tartuffe puis son changement de tonalité lorsqu’il est question d’Elmire, c’est-à-dire dans les deux cas les motifs réels et inavouables de ses actions.
• Outrance de Tartuffe : dans les premiers mots de Tartuffe règne l’outrance, à cause de la nature même des instruments cités et de leur évocation conjointe, puis du pluriel emphatique « des aumônes » et des « prisonniers », et de l’adverbe « toujours ». Par la suite, on trouve les exclamations
« Ah ! mon Dieu », et « hélas ! » (qui deviennent d’ailleurs rapidement typiques du langage dévot de Tartuffe et d’Orgon). Le jeu de scène du mouchoir est révélateur de l’outrance de la dévotion de Tartuffe : la périphrase par laquelle il désigne le corsage de Dorine (comme un objet capable de faire venir de « coupables pensées ») et la force du verbe blesser semblent disproportionnées. L’outrance est dans la réaction démesurée à quelque chose d’anodin.
« Avant que de parler » et « sur le champ vous quitter la partie » témoignent d’un rejet radical, sans raison d’être.
Tartuffe joue mal son rôle de dévot car il en fait trop. Un vrai dévot ne se vanterait pas,