tartuffe
Dans cette scène de mystification de l’hypocrite qu’est Tartuffe, par Elmire, elle se fait provocante, parle le plus, se rend même légèrement ridicule dans les efforts qu'elle fournit pour l’appâter, alors qu'à la scène 3 de l’acte III, c'est Tartuffe qui lui avait fait des avances : on est ici proche du dénouement ; il faut faire avancer la situation. Tandis qu’Orgon est sous la table, on peut apprécier les travaux d’approche d’Elmire pour mettre en confiance Tartuffe dont on sent qu’au vers 1387 il est plein d’un espoir méfiant. Avec adresse, elle sait tirer parti de la réserve qu’elle a manifestée précédemment (acte III, scène 4) à l’égard de «l’imposteur». Ici, c'est elle qui parle le plus : Tartuffe se méfie et elle se rend légèrement ridicule dans les efforts qu'elle fournit pour l’appâter. Aux vers 1388-1394, elle cherche à établir une complicité avec lui. Les vers 1407-1408 sont une ouverture très nette. Selon A. Simon, elle «représente la féminité exquise [...] Elle seule peut déconcerter à l’instant décisif l’âme de toutes la plus concertée.» pour qu'il accepte de la croire, il faut qu'elle accepte de son côté de lui sacrifier son honneur (le ton restant celui de la galanterie mondaine). La résistance d'Elmire l’exaspère : il perd ainsi, peu à peu, son sang-froid.
Elmire sait attribuer tout son comportement précédent à une pudeur féminine en conformité avec les moeurs du temps. Mais sa tirade (vers 1411-1436) est assez embrouillée pour révéler son trouble. Tartuffe, non sans raisons, se montre d’abord réticent,