Tchatchouang Marina
SUD DE JOSEPH NGOUÉ
INTROCDUCTION
Riche, puissant et honoré, le personnage central de La Croix du Sud,
Wilfried Hotterman mène une vie bourgeoise dans une ville raciste du sud. Il participe comme il peut à la défense de la cosa nostra blanche jusqu’au jour où il est prouvé que du sang noir coule dans ses veines. Cette révélation est considérée comme une trahison pour les siens qui estiment que seul l’exil ou la mort peut expier un tel tort. Il tombera criblé de balles. Il ressort ainsi, de toute évidence, que le racisme est de loin le thème structurateur de cette pièce de théâtre. La société de l’œuvre, celle de La Croix du Sud, est une constellation de personnages qui se livrent à un effort de transmutation du racisme comme expérience quotidiennement vécue en signes linguistiques. On comprend d’emblée l’opportunité de notre approche, une lecture stylistique qui ne voudrait pas ici étudier le racisme comme simple contenu anecdotique, mais essayer de voir en quoi les comportements sociaux qui en constituent le socle s’inscrivent dans les lignes d’une esthétique verbale. De là à considérer La Croix du Sud comme un discours raciste plutôt qu’un discours sur le racisme, il n’y a qu’un pas que nous allons vite faire de franchir : démontrer que la condition verbale de cette pièce de théâtre est une perspective véritablement rentable pour son étude. Pour ce faire, nous devrions prouver que c’est avant toute chose grâce aux formes linguistiques, aux stratégies de parole, bref aux faits stylistiques que les personnages ont pu fixer leur univers référentiel, dire leur être au monde.
Notre étude s’articulera autour de quatre principaux réseaux de stylèmes1 : les propos modalisés, le système appellatif, la figuration et les temps verbaux.
1. LE DISCOURS DE LA CONFRONTATION
Le racisme tel qu’il se définit écartèle les partenaires sociaux entre deux pôles. Chez les uns se révèle une volonté de puissance et chez les autres