Technique
J'extrais la première du Manuel d'Ethnographie de Marcel Mauss (1947), avec deux ajouts : Une technique [élémentaire] est un acte traditionnel [on veut dire acquis et routinier] visant à produire un effet mécanique, physique ou chimique, connu comme tel et répétable à volonté. J'emprunte la seconde à Jean-Yves Goffi (dans Philosophie de la technique, 1988), qui écrit : Nous dirons d'une activité, visible ou invisible, essentiellement sociale, donc acquise, qui a pour effet d'établir entre l'homme et son milieu une barrière protectrice, et qui s'organise en système avec des activités de même nature, que c'est une activité technique. Ecoutons maintenant Max Weber, dans un de ses derniers essais : La technique d'une activité est, dans notre esprit, la somme des moyens nécessaires à son exercice, par opposition au sens [Sinn] ou au but [Zweck] de l'activité qui, en dernière analyse, en détermine l'orientation... Je finis en citant André Lebeau (dans L'engrenage de la technique, 2006), qui s'y prend en deux temps: Un acte technique est l'activité d'un organisme vivant qui crée, dans son environnement, une structure – ou une forme -, distincte de l'organisme, et avec laquelle il établit une relation d'usage. La technique est l'ensemble de ces actes techniques et des artefacts qu'ils engendrent.
Goffi condense quatre ou cinq caractéristiques dans sa phrase. La précision sur les techniques « invisibles » est intéressante; elle indique que toute technique n'est pas de production (de quelque chose d'extérieur) : pensons à des techniques de calcul mental ou à une pensée algorithmique. La qualification par la « barrière protectrice » est trop réductrice. A-t-elle même une pertinence pour les premières techniques ?
Dans les termes de Weber, la technique n'est pas une activité à côté d'autres. A la limite, toute activité humaine a ses techniques (pour lui, la prière a ses techniques). On sait