ECRITURE PERSONNELLE
PRIMO LEVI

La force du témoignage réside dans le fait qu’il dévoile la réalité pour accéder à une connaissance de l’homme et du monde. Ainsi, Primo Levi, après sa sortie du camp d’Auschwitz, en 1945, commence la rédaction de son ouvrage Si c’est un homme. Dès sa préface il écrit qu’il faut : « fournir des documents à une étude dépassionnée de certains aspects de l’âme humaine ». Nous tenterons de comprendre comment accepter de voir et de faire savoir ce qui s’est passé, de manière raisonnée, est un devoir puis nous expliquerons pourquoi on se doit de faire voir pour faire savoir.

Définir le rôle essentiel du témoignage, revient à comprendre ce qu’est témoigner. La réalité des faits n’existe pas aux yeux du monde si elle n’est pas dite : exprimer ce que l’on voit, c’est déjà résoudre le problème de la transmission. De ce fait, le récit qui témoigne, fait voir cette réalité où l’implication est directe. Raconter les faits de manière linéaire permet de démontrer la preuve de l’existence d’un évènement. Lorsque Nick Ut, en 1972, montre au monde la détresse de la « Fuite d'une petite fille atteinte par une bombe au napalm », au Vietnam, cette photo participe, en quelque sorte, à la prise de conscience, américaine et mondiale, de l'horreur de cette guerre et de la nécessité d'y mettre fin. Ce document, témoin de notre histoire, montre à quel point savoir aide à grandir.
Toutefois, Primo Levi précise que savoir permet d’éviter de reproduire le passé. Mais il rajoute, qu’il est du devoir moral du lecteur d’accepter de voir ce qui est parfois insoutenable, pour transmettre de manière « dépassionnée » « l’âme humaine ». C’est-à-dire qu’il faut dédramatiser l’intensité des évènements vécus et taire ses souffrances pour offrir au monde, un savoir nouveau sur la nature et la condition humaine. Ainsi, en appliquant cette théorie, Alain Resnais, en 1955, dans son film Nuit et brouillard, fait voir l’intolérable, grâce à des documents sur la 2nd Guerre