Montesquieu, philosophe des Lumières publie le roman épistolaire Les Lettres persanes en 1721. Poussés par l’envie de savoir, deux Persans, Usbek et Rica, se rendent à Paris où ils vont séjourner 8 ans. Ils transmettent à leurs amis persans les réflexions que leur inspirent les mœurs occidentales et reçoivent en retour des nouvelles d’Orient. Le roman confronte ainsi le monde oriental et le monde occidental à travers le regard « naïf » de deux étrangers. Dans la lettre 97, Usbek écrit à Hassein, un religieux musulman, un dervis, pour faire l’éloge de la pensée scientifique occidentale
Lecture du texte
Comment Montesquieu, sous le couvert de la fiction orientale, réussit-il à démontrer à un religieux que la science et la raison sont de meilleurs guides pour l’homme que la religion ?
Il y a dans ce texte 3 intérêts majeurs, tout d’abord le jeu avec la fiction orientale, puis l’éloge de la science et pour finir la critique de la religion.
I) Le jeu sur la fiction orientale
a)La fiction orientale est ici représentée par un dépaysement et un certain exotisme, de par les noms et les réalités orientales qui les désignes comme par exemple dervis, Alcoran, Hali. Egalement par les éléments qui évoquent un pays lointain, je cite, « la montagne de Jaron », le calendrier musulman, je cite, « le 10 de la lune de Charaban ». On retrouve un langage qui pastiche celui des « Mille et une nuits » avec l’apostrophe solennelle au dervis, toutes les marques de déférence et les compliments d’usage, je cite, « O toi, sage dervis… »
b)La fiction permet d’échapper au didactisme, soit à l’argumentation directe. Usbek est ici le porte-parole de Montesquieu et présente à un ermite retiré du monde pour se consacrer à Dieu, des réalités occidentales qu’il ignore totalement. En tant qu’homme à l’esprit curieux, Usbek fait l’éloge des découvertes scientifiques avec l’enthousiasme de celui qui cherche à faire partager son émerveillement. La situation d'énonciation et le sujet abordé