Texte integrale
1L’histoire de l’enseignement des langues régionales à l’école publique (ou privée) en France n’a qu’une cinquantaine d’années et s’est construite petit à petit grâce aux efforts constants des militants et des amoureux de ces langues, à contre - courant de l’idéologie unilinguiste qui habite les décideurs mais aussi la société civile française en général. On sait qu’à partir de la Révolution française, une politique linguistique ayant pour objectif non seulement « d’universaliser l’usage de la langue française » mais aussi « d’anéantir les patois » est annoncée et commence à être appliquée. Peu à peu, un monolinguisme presque complet en français s’est installé dans le territoire national. La Loi FERRY de scolarisation obligatoire, laïque et gratuite (1881) a fait de l’école le principal acteur de la francisation des enfants (surtout dans les campagnes) : l’apprentissage efficace du français y a été accompagné d’une dévalorisation et d’une stigmatisation (aussi efficaces) des langues régionales. * 1 Les mots de Stefan OETER, membre du Comité d’experts indépendants de la Charte, professeur de droit (...)
2Enseigner les langues régionales aujourd’hui signifie aller à l’encontre d’une idéologie vieille de plus de deux siècles et affronter représentations et stéréotypes négatifs. Cette idéologie freine toute tentative (sincère ou non) de donner une vraie existence juridique aux langues régionales en France. Les propos du fameux Rapport de l’abbé Grégoire (1791) resurgissent chaque fois que le débat sur les langues régionales se rouvre (celui provoqué par la signature de la Charte européenne des langues régionales en est un bon exemple1) : les langues régionales sont des restes du passé, du folklore, de l’ignorance … l’affaire des militants suspects d’anti - républicanisme face au français qui est la langue de la modernité, de la science, de l’ouverture, la langue de la République, comme l’affirme par ailleurs la Constitution en son article 2 depuis