Texte sur Alice
Assis au bord de l'étang, je pouvais sentir son souffle et entendre son cœur battre à des kilomètres à la ronde.
Nous aimions venir ici, le matin, lorsque le soleil venait tout juste d'apparaître dans le ciel.
Un ciel qui, ce jour là, était dépourvu de nuages.
Alice n'aimait pas les nuages. Elle disait qu'ils l'empêchaient de profiter de cette infinité de galaxies qui régnait au dessus de nos têtes.
Elle parlait souvent de l'espace, elle était très rêveuse et ne cessait de ressasser les pires événements de sa vie.
Elle me racontait tout ce qu'elle avait vécu, puis elle ajoutait :
"- Tu sais, François, malgré tous les moments difficiles, je suis heureuse.
Ce sont eux qui m'ont forgée, ils m'ont rendue plus forte et ont contribué à mon épanouissement face à cette vie que je pensais dépourvue d'espoir."
Puis elle souriait. Un sourire qui, si on ne la connaissait pas, aurait pu paraître sincère mais qui, en réalité, cachait une profonde tristesse.
Elle ne cessait de répéter qu'elle aimerait partir loin d'ici, voir les étoiles, pouvoir toucher les nuages et danser sur la lune à l'ombre d'un satellite.
Puis elle revenait sur Terre.
Ce matin là, son visage devint sombre et sans aucune émotion.
Elle fixa l'horizon. L'esprit ailleurs, elle alluma une dernière cigarette, but une dernière gorgée d'alcool et tourna soudain la tête vers moi.
Puis, elle se mit à pleurer doucement, des larmes de tristesse, de douleur et d'amertume perlèrent sur ses joues pâles.
Elle avait lutté trop longtemps, elle s'était trop accrochée à ses rêves pour continuer de croire en ce qui ne serait jamais réalisable.
Lorsqu'elle cessa de sangloter dans mes bras, elle se releva, puis expliqua la raison de ses pleurs :
-Après tout, ces choses n'arrivent que dans les bouquins de fiction, j'en suis consciente. Je suppose que ça me fait du bien de rêver à l'impossible.