texte sur la poésie - Sujet de 1ère
Lectrice assidue de votre revue, j’ai souhaité vous écrire pour vous exprimer, modestement, mon point de vue. Les poètes que vous honorez ont en commun, me semble-t-il, une commune délectation de la souffrance. Leurs œuvres respirent la tristesse, l’ennui, le vague à l’âme : elles sont le fruit d’esprits blessés. Vous semblez faire vôtre la conviction de Marcel Proust qui écrivait que « les œuvres, comme dans les puits artésiens, montent d’autant plus haut que la souffrance a plus profondément creusé le cœur ». Certes, Gérard de Nerval et beaucoup d’autres ont honoré le genre poétique éclairés par « le Soleil noir de la Mélancolie ». Mais votre revue ne pourrait-elle pas faire une place aux poètes sinon heureux, au moins joyeux et drôles, exaltant des valeurs positives ? Ces poésies ont aussi leurs lettres de noblesse.
Les poètes, confrontés au deuil et à la disparition d’êtres chers, connaissent des situations qui les placent au bord du gouffre et avec leur génie littéraire, écrivent des poèmes magnifiques, leur sensibilité étant exacerbée par le tragique de l’évènement.
Gérard de Nerval, que j’évoquais en introduction, pleure son épouse aimée. Il devient le déshérité, EL DESDICHADO.
Le célébrissime poème de Lamartine, Le Lac, est aussi inspiré par le souvenir douloureux d’une femme aimée et disparue.
Victor Hugo, sans la perte de sa fille Léopoldine, n’aurait pas écrit les Contemplations et le fameux « demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, je partirai. »
J’ai pu constater que l’expression du malheur, chez les poètes, n’était parfois pas reliée à des conditions tragiques, à des évènements douloureux. Le spleen baudelairien est accablant : « j’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans » (Spleen). L’ennui, « le pire des chacals » selon Baudelaire, est à la source de ce chef d’œuvre que sont les Fleurs du mal.
Pourtant, on ne connaît pas à Baudelaire l’irruption d’épisodes tragiques dans sa vie : le poète