Version 2 Harald était dans la chambre où Duncan dormait. Ainsi que la fille. Il y avait un pot de crème pour le visage parmi les paquets de cigarettes sur la table de chevet, du côté gauche du lit. Il détourna respectueusement les yeux de l'aspect général de la chambre, prit des chemises, des caleçons et des chaussettes d'un placard tout en ignorant le reste entassé là. Ce n'était pas ses affaires. N'amène rien de ce que je lisais. A droite du lit, les livres faisaient incliner une table de bambou bancale; il s'en approcha, il les ramassa, lu les titres qui lui étaient familiers ainsi que ceux qui ne l'étaient pas, avec une certaine impression d'être observé par la pièce vide elle-même. La table avait une basse étagère de laquelle des magazines d'architecture et des journaux étaient tombés, le jour où l'occupant du lit les avait abandonné écoutant frapper à la porte. Il s'agenouilla et les rangea à leur place mais l'étagère fléchit et ils se répandirent une fois de plus sur le sol, se mélangeant avec un carnet de type bon marché réservé à l'utilisation des écoliers. Il le mit en équilibre sur le haut de la pile. Mais pourquoi? Afin que Duncan soit en mesure de mettre la main dessus alors qu'il reviendrait se coucher dans ce lit? Comme si l'illusion subsistait qu'il allait vraiment revenir. Il prit le carnet et l'ouvrit. Alors qu'il tournait les pages, il sentit sur sa nuque peser la bassesse de ce qu'il était en train de faire. La trahison de ce que le père avait appris à son fils: tu dois respecter la vie privée des gens, tu ne dois pas lire les lettres d'autres personnes, tu ne dois lire aucun contenu personnel qui ne te serait pas destiné. Tout cela était assez ordinaire, innocent. La dernière date à laquelle la voiture était passée en révision, des estimations de sommes d'argent pour tel objet ou autre, une adresse raturée, le relevé d'un ancien numéro d'une certaine revue d'architecture. Ce n'était pas un journal intime mais un cahier pour les préoccupations