Theatre
Chez Molière, cette scène constitue un intermède comique, tel qu’il en existe beaucoup dans ses comédies. Cependant, dans Dom Juan, ce type de scène peut sembler plus incongru, étant donné la tonalité dramatique qui domine la pièce. Daniel Mesguich a proposé une mise en scène radicalement différente, que l’on peut qualifier de transposition, de réécriture de cette scène : M. Dimanche vient sur scène, dans l’urgence, avec femme et enfants, et ils représentent tous quatre une famille juive, malmenée par Dom Juan puis par Sganarelle. La bande son et la mise en scène évoquent très clairement les persécutions des juifs pendant la seconde guerre mondiale. De 1665 à cette guerre, il y a une sorte d’anachronisme. Pourquoi ce choix ? Comment D. Mesguich a-t-il procédé ? Comment justifie-t-il une telle relecture de cette scène ? Les réponses à ces questions ont été données par Daniel Mesguich lui-même lors d’une intervention donnée devant un public scolaire. La scène de Molière repose sur des procédés comiques utilisant tous les ressorts habituels (comique de mots, de situation, de caractère, de geste…), l’un des ressorts principaux étant l’interruption systématique de M. Dimanche par Dom Juan, qui l’étourdit de paroles. Cependant, la scène complétait le portrait de Dom Juan, montrant un homme malhonnête, cynique, violant une fois de plus les règles fondamentales de la société (ici, le remboursement de l’argent emprunté, avec le non-respect de la parole donnée), allant jusqu’à humilier, sans en avoir l’air, M. Dimanche en le traitant comme un égal, alors qu’il n’est qu’un usurier et que Dom Juan est un aristocrate.
(Sur tous ces points, se rapporter au cours sur cette scène de Dom Juan).
Le premier point à évoquer est celui du rôle du metteur en scène. Il est évident qu’un metteur en scène applique sa propre lecture à la pièce qu’il travaille, c’est aussi un créateur, comme l’auteur ;