Theatre
Le libellé du sujet ne dérogeait pas aux usages : il était court, n’était pas une citation franche ou déguisée d’un auteur, et, cette fois encore, se présentait comme une question, et sans équivoque.
Du moins le pensaient les concepteurs du dit sujet, qui avaient cru pouvoir recourir à une locution un peu familière, souvent usitée à l’oral : « faire honneur à … ». Exemple : votre tenue (débraillée, sale, indécente…) ne vous fait pas honneur !
Hélas, bien des candidats qui manquaient, sinon de familiarité avec la langue française usuelle, du moins de simplicité, ont voulu voir dans cette pauvre locution « faire honneur » un abîme de profondeur ! D’où bien du fatras, et quelques balivernes, sur la beauté, honorable ou non, honorée ou déshonorée, voire honorifique ( !), sur la sorte de traitement qu’il faudrait rendre à la beauté pour ne pas lui manquer de respect, sur les égards qu’elle mériterait qu’on eût vis-à-vis d’elle. C’était là perdre son temps. D’autres candidats, parfois les mêmes, s’arrêtèrent au verbe
« traiter », qu’ils estimèrent (à tort. Exemple : Je vous traite comme mon meilleur ami) comme de soi insultant.
D’où beaucoup de dissertations qui étaient comme faussées d’emblée par ces lectures déviantes du libellé, et qui se réduisaient à affirmer, avec véhémence parfois, que, certes, la beauté n’avait pas à être « traitée » (maltraitée), que, certes, elle méritait mieux que d’être réduite à un symbole, que, certes, il fallait lui faire honneur, mais vraiment honneur, et pas comme le disait ce libellé qui, horreur !, déshonorait la beauté… Ces copies très rhétoriques, où de surcroît revenait, lancinant, le mot « honneur » (et ses dérivés), n’était pas fameuses.En revanche, une lecture sans prévention d’un tel libellé permettait d’argumenter de façon intéressante. Mais encore ne fallait-il pas manquer à la logique. Plusieurs candidats