Théorie de la croissance endogène
Alternatives Economiques n° 198 - décembre 2001
Théorie de la croissance endogène
Les théories de la croissance endogène offrent un nouvel éclairage sur l'origine et le rôle du progrès technique dans la croissance. Et en appellent à l'Etat pour assurer la dynamique économique.
Qu'est-ce qui explique la croissance économique d'un pays sur le long terme? Depuis Adam Smith et sa Richesse des nations, les économistes en discutent abondamment. Aujourd'hui, deux analyses se disputent le terrain. La plus ancienne a été élaborée initialement par Robert Solow, économiste américain d'orientation néokeynésienne, qui a obtenu pour cela le Nobel d'économie en 1987. On la qualifie souvent d'analyse néoclassique, car elle a été reprise par ce courant intellectuel. Elle a été aménagée (ou enrichie, comme on dit souvent) dans les années 80 pour tenir compte des critiques dont elle était l'objet. Mais une deuxième analyse tient aujourd'hui la corde dans la course des théories: c'est la "croissance endogène", qui ouvre de nouvelles perspectives et aboutit à des conclusions non conformistes.
L'analyse de Solow
D'où vient la croissance par tête? Du montant de capital technique investi, répond dès 1956 Robert Solow: machines, équipements, infrastructures, logiciels, etc. A partir du moment où l'investissement par tête dépasse le montant de la dépréciation du capital par tête existant, chaque travailleur dispose d'un équipement plus important, ou plus performant, et peut donc produire davantage. Mais, hélas!, ajoutait-il, il faut se rendre à l'évidence: quand on augmente le capital par tête, la production augmente, certes, mais pas de façon proportionnelle. Les rendements sont décroissants, tout simplement parce que ceux qui se servent des machines n'ont que deux bras et une tête: ajouter un deuxième ordinateur à celui que j'utilise déjà ne me permettra pas de multiplier par deux mon apport productif. Si bien que, à force d'augmenter le capital par tête, va venir un