Théorie de valeur
Une théorie des frais de production
Pour avancer d'un pas, allons chercher une comparaison du côté de la physique, et plus précisément de la mécanique. Chacun sait que chaque corps possède un centre de gravité. Celui-ci est un point qui, à vue d'oeil, ne se distingue en rien des autres points du corps. L'observation extérieure, à elle seule, est incapable de le localiser : seul le calcul fondé sur la connaissance physique permet de déterminer son emplacement. Tout cela n'empêche pas le centre de gravité de posséder des propriétés remarquables pour la théorie de la mécanique. Il permet par exemple de comprendre quel sera le mouvement du corps dans des conditions déterminées. Et inversement, on ne peut comprendre et prédire le mouvement d'un corps qu'en connaissant son centre de gravité.
Par bien des côtés, la « valeur » des économistes classiques possède des traits communs avec le centre de gravité des physiciens. C'est un lieu (un prix) que l'observation seule ne permet pas de déterminer. Par conséquent, on peut le qualifier d'idéal, de théorique, ou d'imaginaire — chose que ses adversaires lui ont naturellement beaucoup reproché — mais qui, comme le centre de gravité, est censé être un point de référence indispensable pour comprendre un certain nombre de phénomènes. Pour ne parler que des deux économistes qui le plus contribué à élaborer la théorie de la valeur (D. Ricardo et K. Marx), celle-ci est censée tout à la fois expliquer les oscillations des prix sur le moyen terme, leurs niveaux de long terme (ce qui n'est pas la même chose) ; elle est également censée fonder la théorie de la répartition entre salaires, profits et rente, les mouvements des capitaux, et l'évolution à terme du taux de profit. On le voit, pour ces économistes, la théorie de la valeur est aussi essentielle, aussi fondamentale, que peut l'être celle de la gravitation pour un physicien.
Pour comprendre la démarche des économistes qui s'inscrivent dans