Théorie de l'agence
Agent économique central, l’entreprise a paradoxalement longtemps été réduite dans la théorie économique à un agent individuel maximisant mécaniquement son profit. Jusqu’à il y a peu, seules des analyses en marge de l’approche dominante se sont intéressées à son organisation, sa « gouvernance » ou ses fonctions. Après un rappel de ces travaux fondateurs, Olivier Weinstein fait le point sur les théories récentes de l’entreprise. Si une nouvelle analyse dominante s’est construite autour de la conception de la firme comme « nœud de contrats », des approches alternatives telles que la firme comme « système de compétences » se sont développées en parallèle. C. F.
s’intéressant à la firme en tant que telle, il fallait considérer des travaux en marge de la théorie économique standard.
En marge de la théorie économique standard : trois approches de la firme
Berle et Means : la « révolution managériale »
Une première analyse majeure de l’entreprise se trouve chez Adolf Berle et Gardiner Means. Leur ouvrage publié en 1932, L’entreprise moderne et la propriété privée (1), point de départ de ce que l’on a appelé la « révolution managériale », a eu une influence considérable. La thèse centrale qui a été retenue du livre est que le développement de la grande société par actions et la dispersion de la propriété entre un grand nombre d’actionnaires tend à entraîner la séparation de la propriété et du contrôle de l’entreprise ; le pouvoir de décision passe alors des actionnaires aux « managers ». C’est à partir de là que va être posée la question centrale de la « gouvernance d’entreprise », qui est revenue sur le devant de la scène depuis une vingtaine d’années. Indépendamment de cette thèse, l’ouvrage de Berle et Means est important parce qu’il offre un mode de théorisation de l’entreprise marqué par trois traits : - les caractéristiques, le fonctionnement et le comportement de la firme se