Théorie et expérience
Introduction
Nous avons soupçonné, à la fin de cours-histoire, que l’histoire n’est pas une science, car elle ne nous dit pas comment est le passé en soi, mais elle le reconstruit. Elle est, a-t-on dit, subjective, et non objective. Nous avons donc présupposé que la science, elle, se caractérise par une objectivité totale, et que les faits qu’elle décrit nous disent comment est réellement le monde en dehors de nous. Elle est le modèle supposé de la connaissance " vraie " du monde.
NB : C’est ce que croit le sens commun, cf. les pub qui se servent du cachet " c’est scientifique ", pour nous faire acheter le produit. " C’est scientifique " est synonyme de " c’est prouvé ", " c’est vrai ", " on ne peut pas le réfuter ", etc.
Sous sa forme raffinée, cette opinion commune prend le nom de scientisme : théorie selon laquelle la science nous donne une vérité absolue et indiscutable ; et qui a pour conséquence le rejet de toutes les autres formes culturelles (l’art, la religion, la philosophie), ainsi que les autres mentalités, hors du domaine de la connaissance.
Origine : Auguste Comte.
Or, les faits scientifiques sont-ils vraiment, contrairement aux faits historiques, non construits par l’homme ? Sont-ils entièrement objectifs et " vrais " ? Nous allons y répondre en réfléchissant sur les questions suivantes : Comment faisons-nous l’acquisition des théories scientifiques ? Les déduisons-nous directement de l’expérience, ou bien la précèdent-elles ? I.e., sont-elles la copie conforme du réel, ou bien une reconstruction de ce réel ?
Mais qu’est-ce qu’une théorie scientifique ?
Prenons par exemple la théorie astronomique suivante : " les planètes tournent selon des ellipses autour de leur soleil ".
Une théorie scientifique :
1) se présente donc sous la forme d’un énoncé universel ; elle porte sur la totalité des événements d’un type particulier, en tous lieux et en tout temps : ainsi, toutes les planètes, quelles qu’elles soient, tournent